آثار و کارها

sita french
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SITA

 

Le soleil allait bientôt se coucher… Narguès, son sac et ses livres sous le bras, fatiguée, le ventre vide, absorbée dans ses pensées, tourna le coin de la rue de l’université vers la rue Vessal. Elle ne savait pas encore quel sujet choisir pour son diplôme de pathologie sociale.

Tout en descendant la rue Vessal, sous l’ombre pâle et étendue de ses buis, elle aperçut de grands yeux bleus magnifiques.

” Tant de beauté, est-ce possible ? “

Non seulement son regard, mais aussi ceux de tous les passants se posaient involontairement sur ces beaux bleus. Les passants s’arrêtaient, montaient sur la balance, se pesaient et donnaient une pièce à celle qui avait ces grands yeux bleus magnifiques.

La balance appartenait à une petite fille à la chevelure en désordre et indifférente aux passants, à leur pitié, à leurs regards et à leurs pièces, elle fredonnait des chansons d’enfants.Narguès s’approcha d’elle.

– Bonjour, petite demoiselle, comme tu es belle !

– Bonjour !

– Quel est nom ?

– … ta…

– Comment ?

– Sita.

– Quel âge as-tu ?

– Cinq ans.

– Tu sais compter ?

– Oui.

Narguès tendit la main ouverte et lui demanda :

– Il y en a combien ?

– Cinq.

– Bravo !

Ensuite, avançant l’autre main, elle lui demanda à nouveau :

– Et maintenant, ça fait combien ?

– Dix.

– On voit que tu sais vraiment compter.

Elle s’assit, près d’un mur, par terre, à côté de Sita.

– Tu aimes la glace ?

– Oui, mais je n’en veux pas.

– Pourquoi ?

– Parce que je viens de déjeuner.

– Il est six heures du soir ; à quelle heure as-tu mangé ?

– Là, maintenant.

– Qu’est-ce que tu as mangé ?

– Du concombre.

Narguès acheta deux glaces chez le marchand le plus proche.

-Tiens petite Sita. Une pour toi et une pour moi.

La petite fille aux yeux bleus baissa la tête, mit ses mains derrière son dos et du coin de l’oeil, observant les mains de Narguès, lui dit :

-Ma mère m’a dit de ne rien accepter de personne.

-Mais c’est agréable par ce temps chaud !

Narguès s’approcha et caressa les cheveux emmêlés et sales des “yeux bleus”. Le regard de Sita ne quittait pas les mains de Narguès, mais sa langue disait ” non “. Son instinct et son désir d’enfant, son ventre qui lui rappelait sa faim et l’insistance de Narguès, qui lui disait:

“Moi, je ne suis pas n’importe qui, je suis ton amie “, firent qu’elle prit la glace.

Elles s’assirent toutes deux par terre et se mirent à parler et à rire.

Cette fois-ci si les passants ralentissaient leur allure, ce n_était pas uniquement par pitié ou pour fixer les yeux bleus de Sita, mais c_était aussi par curiosité et  étonnement de voir ce spectacle si peu classique :Une jeune fille, très belle et très bien habillée et une petite fille, très sale, avec deux grands yeux bleus au milieu de toute cette saleté attiraient les regards.

– Tu as un père ?

– Il est au poste de police.

– Qu’est ce qu’il fait là-bas ?

– On lui a coupé une jambe.

– Tu veux dire qu’il n’a qu’une jambe ?

– Oui.

– Sita, où est ta maison ?

Sita lécha son cornet de glace qui fondait sous la chaleur et sans regarder Narguès lui répondit :

– Dans l’autre rue.

De la main, elle indiqua une rue située à vingt pas d’elles. Une jeune adolescente, grande et mince, s’approcha d’elles ; elle avait aussi de grands yeux bleus et tenait deux paquets de chewing-gums. On lui donnait seize ans. S’adressant aux ” yeux bleus “, elle lui dit :

– Prépare-toi à rentrer, il va faire nuit !

Narguès se leva. Sita était encore assise et mangeait sa glace.

– D’où êtes-vous ?

L’adolescente jeta des regards à droite et à gauche et lui

répondit avec hésitation :

– On est Afghanes.

– Tu es son amie ?

– Non, je suis la soeur de Ziba.

– Ziba? Elle s’appelle Ziba? Pourquoi m’a-t-elle dit Sita?

Elle sourit et lui dit :

– Elle est petite et c’est comme ça qu’elle parle.

Alors elle tourna la tête vers un jeune garçon qui se tenait un peu plus loin, à l’angle de la rue, et qui lui faisait des signes. Sous l’oeil gauche de la jeune fille, une cicatrice, profonde de trois centimètres, barrait sa joue, si bien que la paupière inférieure s’était affaissée; malgré tout elle était jolie. Puis elle alla vers le jeune garçon.

Sita aux yeux bleus avait fini sa glace et se préparait à partir.

– Comment s’appelle ta soeur ?

– Sima .

Il faisait sombre et au bout de la rue, là où se tenaient la fille et le garçon, une petite lumière faiblissante clignotait en haut d’un lampadaire. Le garçon s’approcha pas à pas de Sima jusqu’à la plaquer contre le mur, dans l’angle de la rue. Il prit sa main et ils tournèrent le coin de la rue.

Narguès, alors qu’elle continuait à regarder dans leur direction,demanda :

– Sita, qui est ce garçon ?

– C’est son père.

Narguès se précipita dans la rue. Le garçon se collait à Sima et la menaçait, mais quand il vit Narguès, il prit la fuite et disparut dans l’obscurité.

Sita avançait lentement. La balance était trop grande pour ses petits bras. Quand elle revint vers sa soeur, Sima prit sa main, et sans faire attention à Narguès, la tira avec précipitation dans la rue sombre.

Alors qu’elle se laissait entraîner, ” les yeux bleus ” gardait son regard tourné vers l’arrière, vers là où se tenait Narguès, debout sous une faible lumière. Elle les regardait s’éloigner dans le noir. Très vite les deux filles disparurent dans l’obscurité de la rue.

27/07/2002

Le traducteur :

Monsieur Farivar Aghvami

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